Papier, liseuse, audio, qu'importe le format pourvu qu'on ait l'ivresse

12   Un livre court    
Rolin, Olivier – Jusqu'à ce que mort s'ensuive




145 pages, paru en janvier 24.

Un sujet très original pour ce récit – enquête.

Rolin, en grand admirateur de Totor, qualité très partagée, s'empare d'une page au début de la 5e partie des Misérables. Il y est question de deux opposants à la monarchie, chefs de deux barricades pendant les journées d'émeute de 1832. En réalité, Hugo rédige d'après ses souvenirs de ce qu'il a vu et de ceux qu'il a côtoyés lors de la révolution de 1848 et lors des luttes contre le coup d'état de décembre 1851, luttes dont il a été un acteur essentiel avant de devoir s'enfuir et s'exiler.
La première personne est le nommé Barthélémy, partisan de Blanqui, ouvrier, affirmant haut et fort ses convictions. Malgré les témoignages en sa faveur, il en paie le prix par des années de bagne.  
Le deuxième est le nommé Cournet, officier de marine sans foi ni loi dans son travail qu'il déserte souvent, mais les tribunaux ont pour lui beaucoup plus d'indulgence. Il est partisan de Ledru-Rollin (à ne pas confondre avec l'auteur Olivier Rolin ou son frère Jean).

Tous deux exilés à Londres, ils sont violemment ennemis. (Olivier Rolin, ex de la Gauche prolétarienne, sait bien comment des différences d'opinion apparemment assez légères peuvent conduire à des haines féroces).
Le titre évoque à la fois leur duel, ainsi qu'une partie de la sentence de la justice anglaise.  

Le livre de Rolin est une enquête très fouillée, parfois un peu compacte, sur de nombreux sujets. La vie de Barthélémy, la vie de Cournet. Mais aussi le quartier de Paris où ont été édifiées les barricades, la rue du Faubourg du Temple et la rue Saint-Maur, dont il compare l'aspect du XIXe siècle à l'aspect bigarré actuel. Les règlements effrayants des bagnes. Les journées de 1848 et leur échec. Le coup d'état de 1851. L'exil à Londres. Tout cela avec une foule de documents historiques présentés, heureusement, de façon très vivante.
Si je conclus que ce livre m'a énormément intéressée, cela signifie que thisbe va probablement l'adorer.

35   Un auteur américain      
Shteyngart, Gary – Très chers amis




Paru en janvier 24.
Cet auteur est pour moi une heureuse révélation.

Mars 2020 : la pandémie sévit à New-York. Un écrivain, Sacha, a invité ses proches amis dans son domaine sur la rivière Hudson. Une assemblée très cosmopolite : Sacha et sa femme psychiatre, Macha, sont d'origine russe (comme l'auteur), leur fille Nat, 8 ans, maladivement angoissée, est chinoise, les invités indien, coréens, et deux natifs américains quand même, dont « L'Acteur ».

Macha, qui n'apprécie pas cette promiscuité, veut limiter les contacts. Dès qu'elle s'éloigne pour coucher sa fille, elle voit de l'étage les amis faire tourner un joint... Tous les détails du séjour sont à l'avenant, de la conduite débridée et dangereuse de Sacha à l'alcoolisme général et aux interventions sans filtre de Nat.

Le style très rapide de Shteyngart est un régal, très drôle au début, et cependant n'éludant pas les problèmes. On s'y croirait. Peu à peu les drames et interrogations plombent l'ambiance de ce séjour, mais jamais le plaisir de lecture, malgré quelques longueurs vers la fin.

39  Un roman en rapport avec un artiste
Besserie, Maylis – La nourrice de Francis Bacon




Francis Bacon : génial peintre anglo-irlandais (1909-1992). Sa peinture est torturée, sans rien d'aimable. D'une effrayante beauté par l'ouragan de sa violence. Un de mes peintres contemporains de prédilection.






Maylis Besserie : j'ai déjà lu et aimé « Le tiers temps », sur la fin de la vie dans une maison de retraite parisienne du grand Samuel Beckett.

L'enfance de Bacon dans le grand château irlandais de ses parents est un enfer. Son père qui le méprise veut le dresser en le faisant fouetter par ses palefreniers. Sa mère, d'une totale indifférence, ne le voit même pas. Seule sa nourrice anglaise lui apporte la douceur d'une tendresse partagée.
Francis, à 16 ans, est chassé de chez ses parents, et mène enfin la vie libre dont il rêve, entre peinture et homosexualité. Sa Nanny continuera à veiller sur lui.

Maylis Besserie donne la parole à cette nourrice, une parole décomplexée et drôle  qui ne s'embarrasse pas pour critiquer et moquer.
Les éléments biographiques du peintre forment la base de ce formidable roman à la première personne, même dans la dernière partie quand Nanny. Morte, parle à travers Francis.

Une grande réussite.

Je te pique Francis Bacon

Et tu as bien raison, Oli.

Moi je tente très chers amis.... merci Aline

Je me sens obligée de lire le Rolin, maintenant !
Merci pour ta recommandation et pour tes partages

Merci Aline pour tous ces avis de lectures.
Le Gary Shteyngart me tente, mais j'ai tellement de livres à lire

Merci de vos passages. J'essaie de tenter quelques uns d'entre vous malgré la hauteur de vos PAL.

Coucou Aline

Je découvre ta bibliothèque et toutes tes passionnantes lectures
Merci pour tes présentations, en particulier pour "Le cheval en feu"  
Bon week-end , Aline
Bises

Merci macocotte. Quel bel envol de flamants.

34  Un livre présenté par macocotte    
Oppert, Claire – Le pansement Schubert




Merci macocotte. Livre lu aussitôt dans la journée.
Un coup de cœur.

Je recopie ici la notice wiki de Claire Oppert et les raisons de mon intérêt particulier pour elle que j'ai notées ce matin sur ta bibli en découvrant ce livre.

Macocotte, ton dernier livre sur une violoncelliste qui essaie de soulager des personnes souffrantes m'intéressait a priori. Avant de le lire, sachant que certaines personnes se piquant d'art-thérapie ne sont que des charlatans, j'ai voulu en savoir un peu plus sur Claire Oppert. Très heureuse surprise. Je ne la connaissais pas sous son nom de jeune fille, mais sous son nom d'épouse. Son mari est le formidable pianiste franco-russe Roustem Saïtkoulov que j'ai souvent entendu en concert avec enthousiasme, il n'est pas connu à la mesure de son immense talent. Il forme un trio avec son épouse et sa fille violoniste, entendue aussi. Mon mari qui leur a souvent parlé à l'issue des concerts savait que Claire jouait dans des EHPAD, hôpitaux, etc... mais ne connaissait pas lui non plus son nom d'artiste.
Je me précipite donc sur le livre (paru en 2020) et je te remercie de tes choix qui m'ont souvent passionnée (pas les livres sur la navigation, hélas).

Voici la notice wiki sur Claire Oppert.
Claire Oppert, née le 1er mai 1966 à Paris, est une violoncelliste, musicothérapeute et auteure française.
Biographie
Claire Oppert est née à Paris le 1er mai 1966 dans une famille de médecins et d'artistes. Elle est diplômée du Conservatoire Tchaïkovski de Moscou en 1993, titulaire d’une licence de philosophie (université Sorbonne Paris IV) et d’un diplôme universitaire d’art-thérapie. Elle est concertiste et se consacre également à l'enseignement3. Elle enseigne actuellement à la Zahar Bron Music School (Zurich, Suisse) et à la Musica Mundi School (Waterloo, Belgique).
Elle commence dès 1997 à jouer dans une visée thérapeutique pour des grands autistes au centre Adam-Shelton à Saint-Denis, en collaboration avec le psychologue clinicien américain Howard Buten, puis dans des EHPAD (Korian Jardin D'Alésia) et des centres de soins palliatifs (hôpital Sainte-Périne, centre hospitalier Rives-de-Seine, maison médicale Jeanne-Garnier).
Elle est mariée au pianiste Roustem Saïtkoulov et a trois enfants : Leonor Saitkoulov (1995), Clara Saitkoulov (1999) et Ilya Saitkoulov (2008). Elle forme le trio Saitkoulov avec sa fille Clara, violoniste, et son mari Roustem Saitkoulov.
Le Pansement Schubert
Elle publie en 2020 aux éditions Denoël un récit intitulé Le Pansement Schubert qui raconte ses expériences de musicothérapie auprès d'autistes, de personnes âgées atteintes de démence et de patients douloureux et en fin de vie. Elle témoigne de l'effet bénéfique de la musique sur les personnes hospitalisées en soins palliatifs (diminution de la douleur et de l'anxiété) à travers plusieurs études cliniques et démontre l'impact positif de la musique vivante sur les malades en fin de vie, les patients atteints de la maladie d' Alzheimer et sur les soignants ainsi que les familles. Son parcours d'art-thérapie commence en avril 2012 dans un EHPAD parisien, où elle parvient à calmer radicalement une patiente de sa douleur en jouant le thème du trio op. 100 de Franz Schubert. À cette occasion, une infirmière fait une remarque après le soin qui a pu être réalisé sereinement : « Il faudra revenir pour le pansement Schubert ». Cette expression est à l'origine du titre du livre. Elle utilise différents styles de musiques, Bach, Mozart, Beethoven, Brahms, Rachmaninov, Verdi, Édith Piaf, Johnny Hallyday, Claude François, du gospel, du rock, des valses ainsi que des tangos

Claire Oppert, violoncelliste professionnelle brillante, a découvert auprès du célèbre Howard Buten l'importance de la musique jouée devant des autistes, malgré des incidents fréquents, amenant un jeune furieux à massacrer son violoncelle. Puis elle a accompagné des personnes « démentes » en EHPAD. Enfin elle a expérimenté le pouvoir de son violoncelle pour limiter la douleur de la maladie ou des soins, c'est le « pansement Schubert » ainsi baptisé par l'infirmière qui a enfin pu faire sans cris un pansement douloureux au son du trio opus 100 de Schubert (dit « Barry Lyndon », film dans lequel il a été utilisé).
L'investissement de Claire dans cette forme particulière d'art-thérapie, avec études universitaires puis élaboration d'essais et de statistiques ne l'empêche pas d'apporter toujours plus d'empathie dans ses rencontres. Elle détaille dans son livre des « cas » extraordinaires, sur la frontière entre la douleur et la joie, entre la vie et la mort.

Coucou.peux tu poster sur Marie_Line et son juge? Je ne l'ai pas trouvé...merci d'avance.

Blues, les éditeurs font des farces en changeant les titres.
Le livre a paru sous le titre "Changer le sens des rivières". A la sortie du film, titré "Mary Line et son juge", l'édition de poche a adopté le titre du film.
Tu as avec ce lien les deux couvertures.
Changer le sens des rivières

Sur mon gg, tu le trouveras soit par le titre original, soit par l'auteure Murielle Magellan.

Bises.

Merci.ils sont vraiment nul de changer le titre des livres! Grrrr

48   Avec une ponctuation dans le titre    
Roegiers, Patrick – Nouvelle vague, roman

C'est le titre exact, avec la virgule et l'appellation roman.



A dire vrai, ce n'est pas un roman, mais une merveilleuse pérégrination dans le cinéma de la nouvelle vague, les auteurs, les films, les acteurs. L'auteur, cinéphile émérite et passionné, décrit des rencontres, en invente aussi d'improbables, dans un savant désordre poétique.
Les 280 pages de ce livre paru en avril 23 ont été pour moi un enchantement permanent. Evidemment, la nouvelle vague, c'est toute ma jeunesse, quand je passais presque autant de temps dans les cinémas du quartier latin que dans ma fac.

Si vous n'aimez pas Godard, Truffaut, Rohmer, Varda et les autres, si vous n'entendez pas en voyant la couverture « Herald Tribune » avec l'adorable accent anglais de Jean Seberg, passez votre chemin.

36   Un livre avec 52 photos d'oeuvres d'art      
Schlesser, Thomas – Les yeux de Mona




Paru en janvier 24.   491 pages en epub, 496 pages en papier.  52 reproductions.

Une très jolie et émouvante histoire.
Mona est une délicieuse fillette de dix ans. Un jour, sans avertissement, un voile noir s'abat sur ses deux yeux. Elle devient aveugle pendant plus d'une heure. Affolement, transport jusqu'au service d'ophtalmo de l'Hôtel-Dieu, examens divers. Les médecins sont perplexes à cause de son jeune âge et de la durée inhabituelle de l'incident mais ne trouvent pas d'explication. En tout cas, ils ne peuvent exclure une rechute, qui deviendrait alors une cécité permanente.

Son grand-père, « Dadé », est chargé de la conduire pendant un an, chaque mercredi, soi-disant à une consultation de pédopsychiatrie. Mais ce grand amateur d'art a noté que l'environnement de Mona ne contient rien de beau, et que, si elle devient aveugle, elle ne pourra plus avoir aucune idée de la beauté. Alors, d'un commun accord secret, à la place de la consultation, il l'amène dans les musées parisiens, le Louvre, Orsay, Beaubourg. Chaque fois, Mona doit examiner pendant plusieurs minutes en silence et en détail une seule œuvre, puis, en discutant avec son « Dadé », en tirer un enseignement qui soit un apprentissage artistique et aussi une leçon de vie compréhensible à son âge.

Cela peut paraître artificiel, mais chacun des 52 chapitres est une petite merveille, que l'on peut déguster sans en lire beaucoup d'un seul coup, par petites bouchées.
Chacun est précédé d'une photo de l'oeuvre d'art du jour, peinture, sculpture ou même photo ancienne, soigneusement décrite et suivie d'une conclusion utile pour Mona. D'une fresque de Botticelli à un Outrenoir de Soulages, chaque lecteur peut lui aussi admirer l'oeuvre, souvent très célèbre, (en noir et blanc sur ma liseuse mais je les connais tellement que je n'ai que rarement eu besoin de les afficher en couleurs sur l'ordi), et admirer la virtuosité avec laquelle l'auteur, historien de l'art et enseignant, la rend abordable et signifiante.
Le récit aborde aussi sur ces journées le quotidien de Mona, à l'école, auprès de ses parents, et chez l'ophtalmo. Cette fillette est de plus en plus attachante.

Cette promenade pédagogique et encyclopédique dans l'histoire de l'art ne lasse jamais, entre la science de Dadé et la vivacité de l'adorable Mona.
A noter : les chapitres ont aussi des titres, en forme de maxime. Par exemple à propos de l'Esclave mourant de Michel-Ange, « Délivre-toi de ta matière », ou de Courbet, « Crie fort et marche droit ».
Au lecteur d'avoir comme Mona des yeux, sans doute pas si menacés à courte échéance, et d'être réceptif à la beauté et à la capacité d'émulation des chefs d'oeuvre.
N'oubliez pas aussi d'admirer le choix des yeux sur la couverture (Vermeer, La jeune fille à la perle).

Un aveu : malgré ma fréquentation assidue des musées parisiens (hors périodes de covid), je « voyais » très bien la plupart des 52 œuvres, sans en connaître forcément tous les détails racontés par Dadé. Mais ceux qui en connaissent moins, ou pas les mêmes, apprécieront les surprises de la découverte.

Tout à fait d'accord avec toi pour ce roman. Je vais d'ailleurs l'acheter en version papier pour pouvoir le relire avec les illustrations. J'ai beaucoup aimé
Bon week-end et bises

Merci pour ton avis favorable, Jaquie. Bises

J'ai trouvé un autre livre pour la ponctuation mais ce n'est pas facile de trouver des livres pour ce thème

scrabble4 a écrit:J'ai trouvé un autre livre pour la ponctuation mais ce n'est pas facile de trouver des livres pour ce thème

On peut se référer à ce site pour les différents signes de ponctuation
https://vitrinelinguistique.oqlf.gouv.qc.ca/23318/la-ponctuation/quest-ce-quun-signe-de-ponctuation#:~:text=Ainsi%2C%20selon%20Le%20bon%20usage,tiret%20(%E2%80%94)%20et%20la%20barre

Merci pour tes avis Aline
J'ai terminé "Filles de la mer" de Mary Lynn Bracht et je suis assez d'accord avec ton avis sur ton challenge de 2021. Je mettrai mon avis sur ma biblio sous peu

Je passe pour la nouvelle vague mais Les Yeux de Mona, hop, dans la PAL ! Merci Aline

Merci de vos passages dans ma bibli.

Merci Éric pour le site
Les yeux de Mona un livre qui a le vent en poupe dirait Macocotte