Papier, liseuse, audio, qu'importe le format pourvu qu'on ait l'ivresse

Je suis tentée aussi...

10   Ecrit à la première personne      
Tesson, Sylvain – Avec les fées




Paru en janvier 24. 167 pages.

Un voyage de 3 mois (avec quelques cartes).
Un voilier avec Tesson, un skipper et un cuisinier va naviguer tout le long des rivages celtes, de l'Espagne à l'Ecosse en passant par la Bretagne, l'Angleterre, l'Irlande.
Tesson se fait déposer pour marcher le long du rivage et rejoindre le bateau plus loin. Il affectionne en particulier les caps et les falaises où il bivouaque.

Pas le récit de voyage le plus intéressant de cet auteur que j'apprécie pourtant d'habitude. Il pontifie un peu, son histoire de fées est ridicule, à moins que je n'aie rien compris. Si je reconnais son savoir encyclopédique, je n'ai pas été emballée cette fois-ci. Vite lu et permettant de remplir le défi 10 ont été mes seules motivations à le finir.

Jamais lu cet homme. Donc je ne commencerai pas par celui-ci. Merci Aline

Ravie d'éviter ta PAL, qui chancelle sans doute déjà assez. Bises.

Merci cela m’évite de me casser les dents
Bon lundi Aline

Oui, Oli.
Bon choix de poème, de chanson et d'interprète.

Oui, surtout pour la cérémonie de mercredi.

Exactement thisbe, je vais tenter de suivre cette panthéonisation

27  Un roman avec un rôle important des religions ou des sectes
Banks, Russell – Le royaume enchanté  




C'est le dernier livre de Russell Banks (1940-2023), paru en 2022 aux USA et en France en janvier 2024.

A vrai dire, si je ne connaissais pas déjà Russell Banks, je n'aurais été tentée ni par le titre ni par la couverture de ce livre, mièvres, et évoquant plus un livre pour enfants.
En réalité, le titre (conforme au titre original) qualifie à la fois le lieu de Floride où le narrateur passera son adolescence, entre dur travail et formation aux côtés de son mentor, puis le même lieu avec l'attraction Le royaume enchanté au sein du Disney world.

Le livre commence, c'est un classique, par un soi-disant témoignage enregistré sur cassettes par Harley Mann en 1971. Au soir de sa vie, cet homme, né en 1890 et qui mourra l'année suivante, évoque sa vie mouvementée. L'auteur aurait retrouvé par hasard ces cassettes dans la cave d'une bibliothèque de Floride, avant de les retranscrire et retravailler sous une forme éditable.

Après les communautés quakers de Tracy Chevalier, me voilà replongée chez les ruskinistes et les « shakers », dissidence des quakers. Des sectes typiquement américaines malgré leur origine anglaise. Les ruskinistes ont un idéal bien plus communiste que religieux, ils  imposent la communauté des biens et l'entraide dans les villages agricoles qu'ils construisent. Les shakers, plus religieux, qui considèrent que leur fondatrice est une deuxième incarnation de Jésus, prônent aussi l'abstinence sexuelle, ce qui ne leur laisse pas envisager un grand avenir démographique.

Les temps sont difficiles, les épidémies déciment les habitants. Au tout début du XXe siècle, les survivants de la famille de Harley, ruskinistes, finissent pas se retrouver chez les shakers dans les marais du sud de la Floride.  

Plus tard, après la dispersion de sa communauté, Harley parviendra à en racheter les terres, témoins de son grand amour, puis en sera totalement dépouillé par Disney pour la construction de son célèbre parc.

Vous êtes peut-être étonnés de me voir ainsi choisir un livre sur une religion, surtout une croyance aussi tordue. Mais l'étude de l'emprise sur Harley encore enfant, coupé  du monde extérieur, est très intéressante. Même s'il souligne l'intérêt de l'enseignement moral contraignant, l'auteur est évidemment très critique.  

Une saga testament pour Russell Banks, anticapitaliste et humaniste. Un livre dense de 370 pages qui m'a passionnée.

J’avais vu que tu avais mis ce livre sur gg et par curiosité je suis allée voir . Intéressée je suis. Merci Aline

Oui un côté Tom Sawyer cette couverture

C'est vrai que la couverture est très trompeuse, surtout pas ses couleurs pastel. Le bateau à aubes et les grands arbres, eux, correspondent au texte.
Merci pour vos visites, margot et Oli.

je te l'ai pris aussi, même si je ne lirai pas tout de suite.

Hello
Longtemps que je n'ai pas lu Russell Banks.
J'avais lu "Sous le règne de Bone" et "Affliction" il y a longtemps.
J'aime bien cette couverture.
merci pour tes avis Aline

28   Un roman dans le monde du travail hospitalier    
Vesin, Claire – Blanches




Paru en février 24.  170 pages.

L'auteure est née en 1977, elle est médecin en banlieue parisienne, où elle réside également.
Ce premier roman a une forte authenticité autobiographique.

Son héroïne, Aimée, issue d'une généalogie de chirurgiens, bien classée à l'internat, choisit cependant pour son premier stage d'interne les urgences de Villedeuil.
Celle localité imaginaire de la proche banlieue parisienne abrite un hôpital au milieu d'une ZUP. Il concentre tous les problèmes sociaux de la commune et les problèmes médicaux dus au manque récurrent de personnel.
Un nuit de Noël, peu de temps après le début de son stage, Aimée est lâchée seule sans la supervision obligatoire d'un médecin senior.

Claire Vesin, à travers les nombreux personnages de son roman choral, décrit parfaitement une réalité difficile. Les portraits sont remarquables, l'interne, la jeune infirmière de l'accueil des urgences, le chirurgien déjà âgé et amoureux de son hôpital délabré. Le gouffre entre les « parisiens », surtout les bourges des beaux quartiers, et les habitants de la ZUP pour qui tout espoir d'en partir est bloqué malgré des parcours scolaires brillants. La solidarité des soignants (les blouses blanches du titre).

Ce roman est très vivant, facile à lire, et les vies personnelles romancées y ont une grande place.

4   Une auteure morte    
Howard, Jane Elizabeth – La longue-vue




Le deuxième roman de J. E. Howard, (1923-2014), écrit en 1956 mais traduit seulement en 2024. L'auteure est célèbre pour sa saga des Cazalet qui elle aussi n'avait été traduite qu'avec retard.
417 pages, de quoi satisfaire les appétits des lectrices et lecteurs déplorant qu'il n'y ait plus aucun épisode des Cazalet.

Une construction virtuose et originale, expliquant le titre.
Ce roman sur une famille anglaise bourgeoise commence en 1950, puis va progressivement remonter le temps.

Le personnage principal, Mrs Fleming, 43 ans en 1950, est obligée de constater la faillite de son mariage, mais aussi la probable catastrophe vers laquelle se dirigent son fils et sa fille qui vont se marier très bientôt.

On les abandonne là pour revenir à Mrs Fleming en 1942 pendant le Blitz puis en 1937, les problèmes conjugaux (et extra-conjugaux), puis le mariage en 1927 avec déjà des déceptions et  enfin 1926.

Loin d'être sinistre comme pourrait le laisser penser ce résumé, ce livre est attachant et très drôle, du moins au début.  
La suite du livre, c'est-à-dire chronologiquement avant, est une longue analyse psychologique des relations des époux désunis, tant du côté du mari que de l'épouse, ce mari charmeur mais toxique ayant toujours voulu modeler sa femme à sa guise.

La plume alerte de Jane Howard est trempée dans l'acide, et aucun personnage n'échappe à son humour ravageur, et sinon à sa méchanceté, du moins à son jugement très critique.

Un vrai régal de lecture.

Par rapport aux Cazalet qui coulent tout seuls, ce roman beaucoup plus fouillé nécessite en permanence une attention assez soutenue, et une lecture moins rapide, il m'a rappelé Jane Austen.

Merci Aline pour ces présentations. Je finirai bien par les lire un jour ces Cazalet et autres ouvrages de Mz Howard !

Merci Aline. J'ai pris Claire Vesin... cela va me rappeler des souvenirs.

Olivier303 a écrit: 4   Une auteure morte    
Howard, Jane Elizabeth – La longue-vue

Un vrai régal de lecture.

Par rapport aux Cazalet qui coulent tout seuls, ce roman beaucoup plus fouillé nécessite en permanence une attention assez soutenue, et une lecture moins rapide, il m'a rappelé Jane Austen.

Il me faisait déjà envie ! Merci

7  Un pavé     –
Malye, Julia - La Louisiane




Roman paru en janvier 2024. Je vais faire semblant d'avoir lu la version papier de 560 pages (hou ! la menteuse), au lieu des 340 pages de l'epub.

L'auteure est jeune, née en 1994. Elle a suivi puis enseigné les cours d'écriture aux Etats-Unis et en France. Ce roman a été écrit simultanément en français et en anglais.
L'accueil des critiques et des lecteurs a été très contrasté, de la lassitude à l'intérêt et l'enthousiasme.

Vous remarquerez d'abord le tragique et fascinant portrait de femme en couverture, par Delacroix.

L'histoire est basé sur des faits réels sur lesquels Julia Malye a réuni une importante documentation. En 1720, les hommes de Louisiane (colonie française) manquent de femmes, les pôvres. On réunit à l'hôpital-orphelinat-prison de la Salpêtrière un troupeau de jeunes femelles pour les envoyer par bateau.
Cela m'a rappelé un autre formidable roman, « Certaines n'avaient jamais vu la mer » de Julie Otsuka, situé, lui, chez les ouvriers japonais en Californie entre les deux guerres mondiales.

90 jeunes femmes ou très jeunes filles sont sélectionnées, « volontaires » car c'est leur seule solution pour sortir de l'enfermement, mais on les laisse dans l'ignorance des dangers de cet exil. Julia Malye s'attache surtout à trois d'entre elles.
Geneviève, orpheline à 11 ans, a été dénoncée par sa patronne comme faiseuse d'anges.
Pétronille, fille d'aristocrates, considérée par ses parents comme simplette, a été placée à la Salpêtrière contre paiement, mais ses parents, ruinés, ne peuvent plus payer son hébergement.
La plus jeune, Charlotte, 12 ans seulement, trouvée lorsqu'elle était bébé, n'est jamais sortie de l'orphelinat.

Le sujet est très intéressant.
J'ai quelques réserves sur l'écriture. Pour quelqu'un qui fait profession de l'enseigner, je suis choquée de trouver parfois des phrases bancales ou peu claires, des fautes d'orthographe non corrigées (le vers à soie), des redites, des longueurs. ( - Ben, si le livre était plus condensé, tu ne l'aurais pas placé dans le défi pavé. - Vrai, mais je l'aurais mis dans le défi région.)
Je recommande la lecture de ce livre, car le grand succès de l'auteure est d'avoir rendu très attachantes ses héroïnes cabossées.

J'ai noté ton pavé pour une prochaine lecture ! Le sujet me tente. Merci

2   Un héros récurrent

Horst, Jorn Lier – [William Wisting 08] - Les chiens de chasse




C'est la première fois que je lis, ou plutôt que j'écoute, un polar de ce romancier norvégien.
Paru en France en 2018. Lauréat du prestigieux prix du polar scandinave Martin Beck (ainsi nommé en hommage au héros du duo d'auteurs Maj Sjöwall – Per Wahlöö).
J'adopte la numérotation selon les parutions en Norvège, mais les volumes 1 à 6 de la série n'ont pas été traduits en français.

J'ai trouvé cette enquête très intéressante.
Bien que la recherche concerne des jeunes filles disparues, il n'y a pas de scènes gore.

William Wisting est un policier très intègre et efficace.
17 ans auparavant, il dirigeait l'enquête sur la disparition puis le meurtre d'une jeune fille. Après des débuts difficiles, son équipe avait trouvé un suspect, finalement convaincu par des preuves ADN et condamné. A sa sortie de prison après avoir purgé sa peine, son avocat prétend que les preuves de sa culpabilité ont été manipulées par la police. Wisting, en tant que responsable de l'enquête, est suspendu par son chef, et risque une très lourde condamnation.
Sa seule solution est de reprendre tout l'ancien dossier, mais cette fois-ci de façon forcément non officielle, et donc illégalement. Il est aidé par sa fille journaliste, Line  qui travaille pour son journal sur un meurtre récent. L'intuition de Line  permettra de relier les affaires anciennes et récentes qui n'avaient a priori aucun point commun.
Construction du livre très bien menée, écriture efficace sans fioritures, une lecture agréable.

  22    Sur une île, la Sicile      

Sciascia, Leonardo – Une affaire simple




Je profite de ce défi pour rendre hommage au grand auteur sicilien Sciascia (1921-1989).
Ce très court livre de 50 pages est le dernier écrit, ou plutôt dicté juste avant sa mort . Il a été publié en Italie en 1989, et traduit en français en 1991.
Ce pourrait être une nouvelle vu sa brièveté. Mais l'histoire, un petit polar sur un meurtre, est un condensé de tout ce que Sciascia reprochait à la Sicile qu'il chérissait : les compromissions des autorités et du clergé, l'importance de la mafia bien qu'elle ne soit pas nommée mais seulement suggérée, les embrouilles kafkaïennes. Tout cela dans une écriture aiguë et pleine d'ironie.
La conclusion de l'enquête est un régal et le livre un petit bijou.

Le premier, je l’ai lu il y a un bout de temps et le second me tente... merci Aline

Coucou margot.